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Hector BUISSNEG
1 septembre 2008

Le Saulchoir - Paris, France

saulchoir_1

Le Saulchoir, Kain : Bibliothèque. - Bruxelles : Nels (Ern. Thill) ; S.d. - 14 x 9 cm

Site de la bibliothèque : http://www.bibliothequedusaulchoir.org
Site du centre d'études : http://www.centre-saulchoir.org/
Adresse : rue de la Glacière 43 bis, 75013 Paris

La bibliothèque du Saulchoir
(Texte téléchargeable in-extenso ici en PDF : saulchoir)*

(...)                                                        

Du studium provincial à la bibliothèque publique                   

Fondé au début du XIIIe siècle pour la prédication, très vite engagé dans l’enseignement universitaire et la réflexion théologique et philosophique (notamment dans le cadre de la redécouverte occidentale de l’aristotélisme où le frère prêcheur Thomas d’Aquin joua un rôle déterminant), l’ordre des Prêcheurs (ou « dominicains ») a dû se constituer et entretenir d’importantes bibliothèques. Cet intérêt pour les livres et les bibliothèques ne s’est depuis lors pas démenti, s’étendant même, particulièrement à partir de la fin du XIXe siècle, à mesure que la théologie intégrait à sa réflexion de nouvelles disciplines (exégèse, histoire, beaux-arts, littératures, sociologie, psychanalyse, etc.). Par conséquent, les nombreuses bibliothèques dominicaines (le droit propre de l’Ordre oblige chaque couvent à en posséder une), si elles mettent l’accent sur la théologie, l’histoire de l’Église et la philosophie, ne se limitent généralement pas à ces seuls domaines, mais traduisent un souci de dialogue intellectuel avec l’ensemble du champ culturel de leur époque. La bibliothèque du Saulchoir, bibliothèque de la province dominicaine de France, ne fait, de ce point de vue, pas exception à la règle.                                      

Elle prend son origine dans celle du studium de la province de France. Cette dernière, disparue avec la Révolution française qui interdit l’Ordre et dispersa les communautés religieuses et leurs bibliothèques, fut restaurée en 1840 par le père Henri-Dominique Lacordaire. En 1865, la province de Toulouse se reconstituant, la province de France installa son studium en Côte-d’Or, à Flavigny-sur-Ozerain. En 1867, pour la première fois, des crédits furent votés pour l’enrichissement de la bibliothèque, jusque-là très réduite, en sorte que, dix ans plus tard, elle possédait environ dix mille volumes. Cette croissance ne cessa plus, malgré un premier exil de 1880 à 1884, consécutif aux expulsions, puis un second en 1903, en raison de la loi du 1er juillet 1901.

La bibliothèque fut alors transportée en Belgique où, en 1904, elle rejoignit le Saulchoir (de salicetum, lieu planté de saules), à Kain, à quelques kilomètres de la frontière française. (...) En 1938 et 1939, suivant le couvent auquel elle était attachée, la bibliothèque, qui comptait alors environ soixante-cinq mille volumes, regagna la France pour être installée à Étiolles dans l’Essonne. Elle y resta jusqu’en 1973.             
(...)                                                                  

De saint Thomas à Gilles Deleuze

Aujourd’hui les collections de la bibliothèque comptent près de cinq mille titres de périodiques et plus de deux cent vingt mille volumes (avec un accroissement annuel moyen d’environ trois mille volumes) qui forment une documentation spécialisée, particulièrement poussée dans le domaine des christianismes orientaux et occidentaux, de la patristique, de la philosophie et de l’histoire. Depuis quelques années, un effort a été fait sur les acquisitions en philosophie contemporaine et dans le domaine des religions orientales et les religiosités dites « parallèles ».                                      

Les ouvrages sont répartis selon une classification propre à l’établissement, élaborée dans les années 1920, et subdivisée en près de quatre cents classes réparties en catégories plus générales comme dans le tableau ci-dessous.         

S’y ajoutent environ huit mille volumes d’usuels en accès libre et deux mille ouvrages à la réserve dont deux cents incunables et quelques rares manuscrits(...).                                                        

La bibliothèque abrite aussi plusieurs fonds d’archives comme ceux des spécialistes du Proche-Orient que furent Édouard Dhorme (la bibliothèque possède notamment le manuscrit autographe de sa traduction de l’Ancien Testament pour la bibliothèque de la Pléiade) et Marie-Joseph Steve, de la bibliste sœur Jeanne d’Arc, du médiéviste Jean Detrez, du promoteur de l’art sacré que fut le père Couturier, ou de l’écrivain Roger Stéphane.

De même, les archives de la province dominicaine de France sont hébergées dans les locaux de la bibliothèque. Avec ses mille cinq cents lettres autographes de Lacordaire, ses correspondances des dominicains de France avec leurs contemporains, souvent prestigieux (Bergson, Maritain, Claudel, Rouault, Matisse, Léger, Le Corbusier, etc.), ces archives, évidemment complémentaires du fonds de la bibliothèque, offrent aux chercheurs une documentation essentielle pour l’histoire du catholicisme, et, plus largement, de la vie intellectuelle en France depuis la deuxième moitié du XIXe siècle.                                      

Enfin, diverses associations et institutions ont déposé leurs fonds à la bibliothèque, certains étant consultables par les lecteurs comme celui de l’association Genres en christianisme, consacré aux femmes et aux féminismes dans les Églises chrétiennes, la bibliothèque capitulaire de la cathédrale de Paris, ou le fonds documentaire Gilles Deleuze qui succède au fonds Michel Foucault, abrité pendant plusieurs années par la bibliothèque et, depuis, déposé à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine).

En outre, le Collège des éditeurs des œuvres de saint Thomas d’Aquin, installé depuis juin 2003 à proximité de la bibliothèque du Saulchoir, met à disposition des lecteurs son fonds documentaire de médiévistique et de paléographie, fonds très remarquable par sa collection presque exhaustive de microformes des manuscrits des œuvres de saint Thomas.

La bibliothèque n’ayant pu encore procéder au cataloguage informatique rétrospectif de son fonds (mais le projet n’en est pas abandonné), elle propose deux types de catalogues : deux catalogues papier (l’un alphabétique, l’autre topo-numérique) pour les collections jusqu’en 1997 ; un catalogue informatique de près de trente-cinq mille notices pour les ouvrages entrés depuis 1998. Seul ce dernier est aujourd’hui alimenté. Intégré au réseau du CNRS « Premier millénaire chrétien », il est disponible en ligne soit par le biais du site internet de la bibliothèque 1, soit sur le site de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée 2.

(...)

*Source : Rousse-Lacordaire, Jérôme,  « La bibliothèque du Saulchoir », BBF, 2003, n° 6, p. 48-51
[en ligne] http://bbf.enssib.fr Consulté le 1 septembre 2008


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